MEDELLÍN ET LA ZONA CAFETERA

Quand on pense à Medellín, c’est souvent le nom de Pablo Escobar qui nous vient en tête. Pourtant la ville a su renaître de ses cendre pour devenir l’une des métropoles les plus attractives d’Amérique du Sud.

Medellin

Dimanche 11 Août: J’ai enfilé mes quatre couches de vêtements pour affronter un nouveau bus de nuit. Il y a peu de monde donc chacun peut prendre deux places pour se mettre à l’aise. Je me réveil au petit matin. Le paysage est à couper le souffle. On passe par des collines verdoyantes, des routes de montagnes ou la pente est tellement raide que le bus se trouve difficulté. Arrivé à Medellin, nous sautons dans un taxi pour aller déposer nos affaires à l’auberge, puis nous repartons aussi tôt pour aller visiter la communa 13.
La communa 13 était un quartier plutôt calme de Medellin au début des années 90 lorsque Escobar contrôlait la ville. Mais il bascule dans la violence extrême à la fin des années 90 quand des groupes paramilitaires se battent pour en prendre le contrôle suite à la mort du « patron ». La communa 13 se trouve dans un corridor qui mène à l’océan pacifique d’ou transite le trafic de cocaïne et d’armes. Les factions armées d’extrême droite se disputaient le contrôle du territoire avec les FARC ( guérilla communiste) et l’armée de libération nationale. La communa 13 devient alors le quartier le plus dangereux du monde et les morts se comptent par milliers. En 2002 le gouvernement décide de reprendre le quartier en main et envoie l’armée. Ils encerclent le quartier avec des milliers de policiers et soldats pour aller déloger les trafiquants. L’opération fait de nombreuses victimes collatérales parmi les habitants. L’armé en profite pour se débarrasser des guérilleros d’extrême gauche en envoyant des escadrons de la mort d’extrême droite faire le sale boulot. Bilan: plus de 500 personnes disparaissent. Après ces années d’enfer, le quartier s’est reconstruit petit à petit. La ville l’a désenclavé en construisant des escalators pour que les gens puissent accéder rapidement au centre ville. Des graffitis colorent les ruelles et sont la mémoire de ce douloureux passé, rendant hommage aux morts et aux disparus. Le quartier est le symbole de la renaissance de Medellin.

Nous faisons la visite avec Stiven, un colombien qui à vécu toute sa vie dans le quartier. Il nous raconte son histoire, ses souvenirs et sa fierté de voire le quartier renaître. Il nous explique les règles implicites qui régissait le quartier. A l’entrée du quartier, il y avait une limite à partir duquel le police et les ambulances de venaient plus, c’était l’entrée de la zone de non droit. Il y avait des frontières invisibles qui délimitaient les zones de chaque guérilla. Si une personne non autorisée franchissait cette démarcation, même par erreur, c’était une balle dans la tête.
Bref une visite chargée d’histoire et d’émotion, un incontournable de Medellin.

Lundi 12 Août: Réveil matinal pour aller visiter Guatapé. On se rend au terminal pour acheter les billets. Une fois à bord du bus, je me rend compte que l’employé au comptoir a vendu deux fois la même place (erreur ou escroquerie ?) Pas de souci me dit le chauffeur, tu prendras le siège de devant à coté du conducteur. Je profite d’une belle vue pour admirer les montagnes environnantes. Le balai des vendeurs ambulants commencent. Ils montent à chaque arrêt pour essayer de vendre de la nourriture. Moyennant une barre de céréale, le chauffeur les laisse vendre leurs cargaisons aux personnes du bus.
Le conducteur nous dépose devant la Piedra del Penol. C’est un monolithe de 200 mètres qui permet une fois en haut d’avoir une belle vue sur la région de Guatapé et ses nombreux lac artificiels. On fait l’ascension au pas de course avec Baptiste pour faire chauffer un peu le cardio. La vue est belle mais il y a beaucoup de monde. Ca se bouscule pour faire une joli photo Instagram. On redescend ensuite pour aller visiter Guatapé. Une visite, un restaurant et on repart pour Medellin. Mon estomac fait des bruits bizarres lors du trajet retour, le repas n’est pas passé. Une superbe nouvelle, sachant que j’ai neuf heures de bus le lendemain pour partir à Salento.

Salento

Mardi 13 Août: Nous laissons Pauline et Juliette qui feront quelques étapes supplémentaires avant Salento. C’est parti pour neuf heures de route de montagne avec le bide en vrac. Autant dire que le trajet a été long, très long. J’ai pas vraiment profité du paysage. Nous arrivons à Salento en milieu d’après midi. Le petit village, malgré le flot de touriste qu’il draine, est resté authentique.

Mercredi 14 Août: Aujourd’hui journée de repos avant d’attaquer un trek de 3 jours. Nous passons à l’agence avec qui nous avons réservé le tour. Nous serons trois, une allemande se joint à nous. Nous passons notre soirée à s’essayer au Tejo, sport colombien qui ressemble à la pétanque. Le but est de lancer un disque de métal sur une cible carré recouverte d’argile situé à vingt mètres. Au centre se trouve 4 paquets triangulaires remplis de poudre qui explose si on les touche. Le but est de lancer le disque au centre en faisant exploser les mèches.

Jeudi 15 Août: Rendez-vous huit heures à l’agence pour le début du trek. Nous montons dans une camionnette qui va nous transporter jusqu’à la vallée de Cocora. Nous sommes avec d’autres groupes qui font des treks de deux ou quatre jours. Notre première journée se compose de dix kilomètres et 1500 mètres de dénivelés positifs. Le rythme est assez lent pour que l’on s’habitue à l’altitude. Le guide prend le temps de nous décrire la faune et flore locale. Nous arrivons en fin d’après midi à la ferme qui va nous servir de refuge. Nous sommes à 3500 mètres et pour le moment l’acclimatation se passe bien. Nous nous retrouvons tous dans la cuisine, seul endroit chauffé. Au menu le soir: soupe, riz, patate, un peu de viande et des pâtes ( Au top niveau équilibre alimentaire). On enfile les couches pour la nuit. Une bonne nuit de repos avant la journée du lendemain qui s’annonce éprouvante.

Vendredi 16 Août: Nous quittons notre ferme pour continuer notre randonnée. Le chemin est pentu et l’altitude se fait sentir. Le cœur bat plus vite, le souffle est plus difficile à trouver. Vera, notre compatriote allemande commence à être dans le dur. Nous finissons par arriver dans le paramo, un écosystème que l’on ne trouve que dans la cordillère des Andes. Le paysage est surréaliste. Nous continuons à grimper pour arriver à un plateau à 4200 mètres d’altitudes. C’est la qu’est la bifurcation pour aller au sommet du Paramillo del Quinto. Vera ne se sent pas assez en forme pour faire l’ascension. Nous la laissons donc à la bifurcation. Nous irons faire le sommet avec Baptiste et le guide.
La dernière partie est raide. Ça monte dré dans l’pentu comme on dit en Haute Savoie. Le cardio explose et chaque pas demande un effort conséquent. Surtout que notre guide imprime un rythme soutenu. Nous avalons 600 mètres de dénivelés en un peu plus d’une heure. A cet altitude c’est plutôt un bon rythme. Les derniers mètres se font via une arrête. Un épais brouillard nous entoure, la visibilité est réduite à dix mètres. On finit par arriver au sommet à 4750 mètres. Une photo rapide, et vu qu’il fait froid, nous repartons de suite. Nous redescendons la encore à toute vitesse. Il se met à pleuvoir. Avec la fatigue nous mettons beaucoup de temps à nous équiper contre la pluie. Heureusement que ce n’est pas des trombes d’eau qui tombent. Nous retrouvons Vera à 4200 mètres, qui s’abrite comme elle peut. Nous décidons de ne pas s’arrêter pour manger en raison de la météo. Ce qui s’avérera être une erreur par la suite. Je sens en effet rapidement un bon mal de crane, causé par l’ascension rapide et un début d’hypoglycémie. J’ai beau prendre des barres de céréales, cela ne s’estompe pas. Je serre les dents, je laisse le cerveau de côté et continue d’avancer. Nous arrivons à seize heures à la deuxième ferme après plus de vingt kilomètres entre 3500 et 4700 mètres d’altitudes. J’ai toujours mal à la tête. Le repas ne passe pas, je ne mange pratiquement rien. Je pars me coucher tôt pour récupérer. Le dortoir est glaciale. Je suis obligé d’enfiler cinq couches en plus des couvertures pour ne pas grelotter. Il doit pas faire plus de cinq degrés dans la chambre.

Samedi 17 Août: Sur le papier, cela doit être la journée la plus facile du trek. Une descente tranquille jusqu’à la vallée de Cocora. Bien sur elle s’avère être la journée la plus difficile. Il a plu la veille et la terre s’est transformé en boue. Nous risquons la chute à chaque pas. Ma plus grosse crainte est de me tordre une cheville ou pire se faire une entorse au genou. C’est tellement difficile que nous mettons plus de quatre heures pour faire les neuf premiers kilomètres. Après une énième chute, les nerfs de Vera lâchent et les larmes coulent à flot. Nous finissons enfin par arriver à une partie ou le chemin est en meilleur état. Nous rejoignons le sentier qui traverse la vallée de Cocora. Après 2 jours ou l’on a pas croisé grand monde, c’est le retour à la civilisation. Nous rentrons à l’hôtel ou nous retrouvons les filles pour un dernier repas tous ensemble. Demain ils doivent repartir pour Bogotá et prendre un vol retour vers la France.

Les jours suivant sont consacrés à un repos bien mérité et la préparation de la suite du voyage, dans le sud de la Colombie.


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